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> Paradise Lost




L'histoire de "Paradise Lost" est une histoire vraie qui a fait date dans l'histoire de l'Arkansas. 5 mai 1993. Trois garçons de 8 ans sont trouvés nus, étranglés, battus et mutilés dans un bois près de West Memphis, probablement assassiné au cours d'un rituel satanique.

La population locale de cette petite ville sur les bords du Tennessee demande justice pour Michael Moore, Stevie Branch, et Christopher Byers. Un mois plus tard, la police arrête Jessie Lloyd Misskelley, 17 ans. Celui-ci avoue le crime et implique deux complices : Damien Wayne Echols, 18 ans, et Jason Baldwin,16 ans. Trois ados férus de heavy metal et clairement coupables... Mais le sont-ils vraiment ?

Avertissement
Dans cet article, le film prime sur la musique. Pourquoi ?
1. Parce que ce film donne l'occasion de traiter des thèmes trop souvent associés : heavy metal, meurtre, satanisme et medias.
2. Parce que la musique de Metallica n'illustre pas seulement le film : elle figure aussi au banc des accusés.
3. Enfin, parce que vous aurez plus de difficulté à voir ce film que Spawn ou Mission Impossible.

Vous l'aurez compris "Paradise Lost" (1996) n'est pas une fiction mais un film documentaire. Ce film des réalisateurs Bruce Sinofsky et Joe Berlinger fait suite à "Brother's Keeper" (1992) élu Meilleur Documentaire par les plus grands critiques : the Directors Guild of America, the New York Film Critics Circle, the National Board of Review, et the Boston Society of Film Critics.

Autposie d'un procès

L'affaire vient aux oreilles de Bruce Sinofsky et Joe Berlinger qui se rendent aussitôt au fin fond de l'Arkansas pour filmer cette histoire plus complexe qu'il n'y parait. Les jeunes viennent d'être arrêté et les deux réalisateurs pensent encore faire un film sur une jeunesse américaine qui a mal tourné.

Berlinger : "Cela semblait un cas évident - trois buveurs de sang, adorateurs de Satan avaient commi un horrible acte de violence. Il y avait tous les ingrédients pour un grand drame - les familles et les avocats de la défense soutenaient que les adolescents étaient innocents. Le reste de la communauté était absolument convaincu de leur culpabilité."

La communauté justement. L'opinion publique condamne déjà les trois ados avant même le début du procès. Les médias locaux ne parlent que de buveurs de sang et de rites sataniques, d'orgies homosexuelles et de démons. Un journal local publie même les détails horribles de la confession de Jessie.

Sinofsky (à G.) et Berlinger

Le film commence par un montage de la police sur la scène du crime, montrant les corps comme ils ont été découverts, puis poursuit sur la façon dont les rumeurs ont propagé l'idée de rituels sataniques.

Mais les trois accusés crient leur innocence. Damien affirme que la police avait pour habitude de l'accuser de tous les maux de la ville (parce qu'il s'habillait tout en noir, écoutait du heavy metal, s'intéressait à la religion Wicca - la magie "blanche"). Jason, lui, dit que son amitié avec Damien serait son seul "crime". Enfin, Jessie (d'un QI de seulement 72), accuse la police de lui avoir arraché ses aveux.

Dès lors, le spectateur de "Paradise Lost" devient juré, mais un juré omniscient : les réalisateurs ont pénétré les secrets d'alcôves de chacune des deux parties, assistant aux audiences, visitant les accusés dans leur cellule, pénètrant l'intimité des familles à la fois des victimes et des accusés. De cette étude aux moyens sans précédents, il en ressort plusieurs éléments :

Le culte de Satan
Le film dresse le portrait d'une sous-culture où Satan est une figure centrale. Où Damien, Jason et Jesse ont entendu parler de rituels sataniques ? En grande partie à l'église apparemment. La population locale aurait dans ses rangs beaucoup de fondamentalistes qui ne jurent que dans la bible et dans la peur du diable. Des "croyants" qui prônent la vengeance et le meurtre des adolescents s'ils étaient relaxés...

Mais les ados ne ressemblent pas à des monstres amoraux. Le film les montre tour à tour accusés ou victimes d'une chasse aux sorcières, d'une chasse aux marginaux. Le rock existe depuis 50 ans mais ici, dans l'Amérique profonde, on entend l'accusation affirmer que les trois jeunes gens ont des années de pratique dans les "arts sataniques" du fait de leur adoration pour la musique "démoniaque" - Metallica particulièrement.

L'affaire, autrement appelée "West Memphis Three", a ému Metallica. Le fait est que les ados sont des fans du groupe : l'un d'entre eux a été vu la première fois à la télévision avec un T-shirt "Master Of Puppets" et leurs lyrics sont cités en conjonction avec l'affaire.

Le manque de preuves
Le film montre une accusation qui, au lieu de s'appuyer sur des preuves scientifiques, met en avant des arguments pour le moins douteux.
En vrac : Sans preuves, deux lycéennes disent avoir entendu Echols se vanter du meurtre à un ami. La confession de Misskelley a été produite après 12 heures de questions par la police, sans famille ni avocat, et seules les dernières 45 minutes ont été enregistrées. Un couteau a été retrouvé dans le lac derrière la maison de Baldwin. Ni sang, ni empruntes mais l'accusation a tout de même suggeré qu'elle pouvait être de l'arme du crime. Le père adoptif d'un des garçons assassinés a montré un couteau au réalisateurs qui pourrait correspondre, elle, à l'arme du crime. "Paradise Lost 2" reviendra sur l'attitude pour le moins bizarre de Mark Byers.

Jessie Lloyd Misskelley : prison à vie

La cours s'intéresse aussi aux lectures de Damien et trouve "étrange" le fait que Echols lise du Stephen King. Des écrits de Damien sont aussi lu à la cours. Selon l'accusation, ils montrent non seulement qu'il sagit d'un sataniste mais aussi d'un tueur en puissance. Voici les quatre extraits : "Life is but a walking shadow, it is a tale told by an idiot", "Pure black, looking clear, my work is done soon here. Try getting back to me, get back which used to be", puis du Shakespeare et du Metallica (avec "Harvester Of Sorrow").

Le clou restera tout de même l'intervention d'un certain Dr Dale Griffis. Présenté comme un expert du culte de satan, qui a obtenu ses qualifications de l' "occulte" par correspondance, il répond à la question "comment identifier des membres de ce culte ?" : la musique heavy metal, les ongles noirs, les cheveux colorés en noir, les T-shirts noirs et les tatouages. Sans preuves tangibles, l'accusion veut présenter les adolescents - Echols en particulier - comme des démons.

Les sentences
Pour "Paradise Lost", ces trois ados étaient un peu plus que des bouc émissaires pour une ville pressée de tourner la page. Même si aucunes preuves matériels existent, la ville, le jury et la police sont convaincus de leur culpabilité. Les verdicts concluent le film : Damien est condamné à mort par injection (il attend dans les couloirs de la mort), Jason et Jessie passeront quant à eux le restant de leurs jours en prison.

Le sous-procureur de l'Arkansas John Fogleman, à propos du film : "Je crois sincèrement que Joe et Bruce ont essayé d'être juste. Quoi qu'il en soit, je pense qu'ils étaient inconsciemment en faveur de la défense." Et à propos du manque de preuve : "Il y avait un remarquable manque de preuves à l'encontre de tout le monde."

Jason Baldwin : prison à vie

"Paradise Lost: The Child Murders At Robin Hood Hills"
Documentaire
Réalisé et produit par Joe Berlinger et Bruce Sinofsky
Une production Hand to Mouth
Durée : 150 minutes

Pour plus d'infos : http://www.wm3.org

Les récompenses : Named one of the 1996‘s Top Ten Films of the Year by over 35 major critics, Winner Emmy, Peabody, National Board of Review "Best Documentary" Awards, Nominee DGA, Independent Spirit ‘Best Documentary’ Awards Runner-up New York, Los Angeles, Boston Film Critics "Best Documentary".

La musique de Metallica

L'atmosphère de "Paradise Lost" est bien sûr imprégné des faits morbides, mais la musique du film lui donne aussi une saveur particulière. En effet, Sinofsky et Berlinger ont utilisé plusieurs morceaux de Metallica - "Orion", "Call Of Ktulu" et "Welcome Home (Sanitarium)" - pour restituer et coller à l'ambiance.

Sinofsky : "Franchement, nous n'aurions jamais pensé pouvoir obtenir les droits et nous savions qu'ils recevaient des milliers de demandes, mais nous avons persisté puisque la musique constituait une si grande part du film. Alors qu'on y croyait plus, nous avons appris que Q-Prime (le management de Metallica) nous donnait l'autorisation d'utiliser tout ce que nous voulions - et pour rien. C'est incroyablement généreux de leur part."

Damien Echols : condamné à mort

C'est donc la première fois que Metallica donne sa permission pour que leurs chansons soient utilisés dans un film, en dépit des multiples propositions de gros budgets par le passé. Le groupe est fan du premier film du duo, "Brother's Keeper", et soutient leur nouveau film de tout coeur.

Après avoir vu "Paradise Lost", Kirk Hammett a écrit à Damien Echols, lui demendant de "s'accrocher". Echols garde cette note parmi les quelques possessions autorisées dans le couloir de la mort.

Selon Q-Prime, l'affaire - et son éventuel dénouement - demeure un sujet de préocupation pour le groupe. Leur représentante Sue Tropio ajoutait : "Je sais que c'est un cas qui les intéresse toujours. L'affaire leur tient à coeur." Bruce Sinofsky espére persuader le groupe de donner leur accord pour une suite - "Paradise Lost2: Revelations", qui suivrait l'affaire depuis les verdicts en 1994 jusqu'à aujourd'hui. "La musique du groupe dans le film avait un effet inimaginable, donc bien sûr on aimerait beaucoup recommencer !"

Lars [1997] : "Je suis assez content que notre musique ait été utilisé pour "Paradise Lost", mais je n'ai aucun mérite. C'est un bon film. Il arrive de temps en temps que nous autorisions l'utilisation d'un de nos titres pour un film, comme pour "Spawn". Nous avons accepté parce que des mecs très bien allaient remixer le titre. Mais d'une manière générale, nous ne sommes pas favorables."