Kirk [1996] :
"Le public souhaite toujours que les groupes qu'il préfère restent les mêmes. Ils sont très
conservateurs de ce point de vue. Et lorsque tu changent, pour des raisons qui te sont personnelles,
les gens te critiquent. C'est stupide."
Poursuivons par une conversation des plus risibles (tirée d'un numéro du magazine HARD FORCE) :
Scott Ian - Anthrax [1998] :
"Au fond de mon esprit de fan de metal, le mieux serait qu'ils deviennent si énormes, si riches
qu'ils puissent faire ce qu'ils veulent. Alors, ils sortiraient un album complètement Metallica,
vraiment heavy, p***n !"
Dimebag Darrell - Pantera [1998] :
"Quoi ! Qu'est-ce que tu dis ? Metallica ? Du vrai Metallica ?"
SI :
"Je considère toujours James comme le Dieu du metal !"
DD :
"Il est Dieu !"
SI :
"Quand je le regarde, je sais qu'il est encore heavy. Il devrait..."
DD :
"...Botter le cul de tout le monde."
SI :
"Je sais qu'il pourrait sortir cet album. Qu'importe s'il n'en vend pas dix millions ! Quel est
le problème s'il n'en vend que trois millions parce qu'il n'a pas le soutien de radios ? Quel
mal à ça ?"
Passons sur le fait que même des musiciens chevronnés réagissent comme des pauvres fans de base
qui ont LEUR conception de ce qu'est Metallica...
Lars [1999] :
"Laissons dire aux autres ce qu'ils pensent. Nous suivons notre route et nous sommes les seuls à
pouvoir parler du style de Metallica."
Intégrité ou évolution ?
J'avais déjà commencé à m'intéresser à la question. Voyez l'article consacré à
l'évolution de
"Load".
Intégrité ou évolution ? Ou pourquoi pas les deux ? Car
on peut évoluer tout en restant intègre.
Ce n'est pas de la sémantique que de dire "Metallica reste intègre", c'est à dire
honnête dans
ses choix (qu'il ne cesse d'expliquer à tout le monde) et
fidèle à ses convictions (ne
pas se cantonner à un style : "Fade To Black" date de 1984). C'est ça l'intégrité :
être soi-même,
sans se plier à des éléments extérieurs (fans, maisons de disques, argent, etc.). Lars et James
ont toujours fait ce qu'ils voulaient.

A contrario, le metal a ses "intégristes".
Lorsqu'un groupe comme Slayer ne cesse de vanter son
intégrité artistique en assurant conserver ses valeurs et sa puissance musicale, il rassure ses
fans. Je ne sais pas si il le fait consciemment, mais
il s'agit bien d'un discours commercial,
destiné à caresser ses fans dans le sens des cheveux et d'assurer du même coup un certain nombre
de ventes. Slayer n'est pas le seul, Pantera a ce même discours.
Dimebag Darrell - Pantera [1996] :
"Nous restons fidèles à notre style en laissant passer les modes... [...]
Nous sommes Pantera, et
nous ne laisserons jamais tomber nos fans, car nous savons ce qu'ils réclament. Nous composons
pour eux, mais aussi pour nous. Nos concerts affichent tous complet, et si nous jouons à guichet
fermé, il y a bien une raison à cela."
Kerry King - Slayer [1998] :
"Si je ne jouais pas dans Slayer, ce serait exactement le genre de groupe que j'aimerais aller
voir en concert.
Je ne vois pas de meilleure façon de deviner comment les fans vont réagir à nos
nouveaux morceaux, je suis moi-même un fan !"
Ces beaux discours doivent sûrement plaire aux fans, qui continuent d'acheter leurs albums...
Avouez que ce n'est pas le style de Metallica. Slayer et Pantera aiment et ne font que du heavy,
pourquoi pas. Ne peuvent-ils comprendre que d'autres évoluent et sont ouverts à d'autres styles,
que
d'autres ont le courage de proposer sur un disque toute leur évolution musicale ?
On peut rêver.
Enooorme évolution !

Comment ces personnes qui en 1991 adoraient Metallica à la sortie du "Black Album" peuvent haïr ce
groupe à la sortie de "Load" ? Réponse : parce que
entre les deux albums 5 ans se sont écoulés,
5 ans où chacun s'est fait SON opinion sur ce que devrait être la musique du groupe.
"Load" remet les pendules à l'heure en proposant du mélodique et du cheveux court (et provoque
aussi un peu) alors que la tendance générale est tout autre.
Bien sûr, Metallica aurait pu sortir un album composé des titres les plus heavy de Load/Reload,
ne pas se couper les cheveux et appeler son album différemment, mais
le Metallica 96 c'était aussi
"Mama Said", "Ronnie", les cheveux courts, le maquillage et le Lollapalooza.
Ces types ont définitivement mûri et la période post-"Load" en est le reflet, reflet que l'on
retrouve aussi dans leur nouveau look et dans leur langage.
Il n'y pouvait y avoir une petite
évolution (comme avec le Black Album) parce que 5 ANS s'étaient écoulés !
Kirk [1996] :
"Les gens n'aiment pas trop le changement. Ils préfèrent que tu ne bougent pas.
Cela revient pour
nous à être statiques, à stagner, et sans doute même être... ennuyeux ?
James [1999] :
"
Nous avons toujours expérimenté, et notamment nos textes ont beaucoup évolué grâce à notre maturité.
Nous accumulons de l'expérience au cours des années ;
les choses changent et il faut les laisser
faire sous peine de se retrouver coincés, prisonniers d'une image. Le changement est une bonne
chose, même si de nombreuses personnes en ont peur parce qu'elles ne sont à l'aise que dans des
situations familières. En ce qui nous concerne,
être à l'abri du danger nous ennuie profondément."
On tient ici une explication majeure.
Metallica est passé du statut de groupe underground à celui
de stars planètaires ; une situation très critiquée mais que peu ont vécu. Après avoir tout
fait, tourner dans les moindres recoins du globe, Metallica cherche de nouveaux objectifs. Normal,
non ?
Metallica/Megadeth, même combat ?
Dave Mustaine - Megadeth [1997] :
"
Si tu fais tout le temps la même chose, on te critique et si tu innoves, on te descend. Je
crois vraiment que si un groupe veut vivre, il doit se développer, évoluer et expérimenter. Quand nous
sortons un nouvel album, nous perdons peut-être quelques fans, mais nous en gagnons davantage de
nouveaux. Perdre certains fans ne m'inquiète pas, car ce ne sont jamais des purs et durs. La
preuve, il suffit d'un album pour les dissuader et les renvoyer vers un truc plus à la mode."
Whitfield Crane - ex Ugly Kid Joe [1996] :
"Ils sont dans le milieu depuis quinze ans, et ils faut se poser cette question bien simple :
combien de temps peux-tu rester un kid ?
Aujourd'hui qu'ils sont millionaires, pourquoi n'évolueraient-ils
pas un peu ? Ils ont de l'argent, alors pourquoi n'auraient-ils pas le droit de s'acheter de
belles fringues ? Pourquoi ne pas fumer des cigares ?
Leur musique est sincère, merde ! [...] Je
me pose la question de savoir combien de temps il faut rester dans le même trip, sans aucune
évolution."
James [1999] :
"Je suis certain que nous pouvons jouer du heavy, et plus encore.
J'aime jouer dur et nous avons
beaucoup de morceaux puissants sur tous nos albums, mais j'aime aussi créer des atmosphères et
aborder des choses plus profondes. Je ne souhaite certainement pas me limiter à un seul univers
musical qui serait le speed.